Serendipity

Soie du soir, silence soudain

Frêle frisson d'un feu fané

Enlace les sensations secrètes

D'un fier et fieffé fripon

Qui dans la nuit, navré et navrant

S'emmêle dans une mélancolique mélopée

Nid notoire pour négation nocturne

D'une âme pleine d'amitié et vide d'amour.


Caresse si subtile, douceur si sourde

Rêve irréalisable d'un rêveur irrationnel

Souhaitant que quelqu'un songe à lui
Comme il rêve de songer à quelqu'un

Psyché

Promeneur assis au bord de la rive

Contemple le temps qui coule

Fleuve ravissant de sensations vives

Charriant en son sein, dans la houle

Les embarcations des bienheureux.


Rêveur assis au bord de la vie

Contemple les songes qui s'écoulent lentement

Tente d'en saisir les essences, sans jalousie

Qui bercent les navigateurs riant

Les esquifs aux fruits fuyant...


Témoin des sourires d'autrui

Sans ire, sans amertume et sans colère

Il écoute les éclats qui parviennent, sans bruit

Jusqu'aux rives des délaissés délétères

De ceux qui ne sont qu'un, à défaut d'être deux.


Observateur consciencieux, il s'étend

Dans l'herbe verte des bienheureux solitaires

Et se prend à rêver d'un jour prendre le vent

Sur le navire qu'il créent de ses vers

Marin d'eau douce ? Marin d'eau éthérée.


Il ferme les yeux et patiente au bruit

De l'eau qui doucement s'enfuit.
Dans l'air, une fragrance, tout proche

Enivre ses sens, réveille le coeur de roche.
Il garde les yeux fermés, craignant

Qu'à son réveil, au firmament

S'évanouisse à jamais

Celle qu'il attendait,

Celle qui l'attendait.


Défi de plume

A une plume qui passe parfois par ici, d'une langue (à) l'autre, d'une plume à l'autre, voici un petit défi du soir... Bouteille de vers, jetée à la mer, en attente d'une main qui la secouera et en récoltera le parchemin.

J'engage l'amical fer et dessine d'une volute le premier coup...

Plume du soir, oiseau d'encre, qui dans les astres s'élance

Gente damoiselle, à vous l'honneur...

Hommage vespéral...

A ceux qui ont enchanté...


A Sov, Osh-Osh, Mathilde, Elya, Richard, Toubib, Madame, Althéa, FitzChevalie, Fou, Ambre, Loredan, Frodon, Gandalf, Scapin, Figaro, Célimène, Argan, Monsieur Jourdain, Belgarath, Polgara, Belgarion, Vorkosigan, Ramsès, Nefertari, Ryo Saeba, Kaori, Jon Snow, la famille Stark, Aslan, Ce'nedra, Vivacia, Brashen, Sam Sagace, Figaro, Celestin Poux, Caracole, Vérité, Umbre, Elmo, Plume, Miyamoto Musashi, Takeo Otori, Rampa, Soda, Spirou, Eikichi Onizuka, Xiang-Ying, Chesterfield, Blutch, Calvin & Hobbes, Tintin, Haddock, Lapinot, Manu, Shinichi Kudo, Ran Môri, Docteur Temna, Gally, Lanfeust, Gaston Lagaffe...

Et à ceux qui les ont fait vivre...

A Arleston, Franquin, Damassio, Geiman, Pratchett, Eddings, Cook, Martin, Hobb, Molière, Jacques, Tolkien, Lewis, Japrisot, Barjavel, Gazzoti, Tom, Janry, Yoshikawa, Beaumarchais, Watterson, Hearn, Cauvin, Hergé, Aoyama, Hôjô, Larcenet, Sfar, Trondheim, Urasawa...

Et à tout ceux que j'oublie...

Une pensée du soir, un remerciement encré, pour les heures passées, présentes, et futures qui muent le lecteur en rêveur, qui font du spectateur un acteur et qui laisse la main prendre la suite de l'oeil.

Tempus fugit...

Atelier d'écriture : Lecture à voix haute d'un poème de Raymond Queneau L'horloge. Après cette lecture, noter sur papier tous les mots dont on se souvient. Avec ces mots, écrire un nouveau poème.

Mots retenus : Horloge, jonquilles, trépidations, sphères, temps, balance, balancier, hommes assis qui pleurent.

***

Tendres trépidations délétères
Ignorantes du temps éphémères
Coupables, s'écoulent les sphères

Tonnant, roc contre roc, dans le sablier
Attentifs, hommes assis, sans pleurer
Criminels impavides, par le balancier exécutés.

Tombes qui pèsent sur la balance du temps
Ici, elles fleurissent par milliers dans les champs
Champs de jonquilles, témoins du temps fuyant.

Une bulle du passé...

Les rires que chaque nuit nous partageons
Les joies qu'ensemble nous fêtons
Le vent qui nous caresse dans la nuit
Et qui dans la passion nous unit


Mais aussi les larmes qui embrassent les yeux
Que nous essuyons lorsqu'elles sont de tristesse
Que nous chérissons quand elles sont d'allégresse.
Ce soir, je le sais, je n'ai plus besoin de faire de vœu…


Car je n'ai rien à réclamer, j'ai déjà été exaucé.
Ceux qui me tendent leur main dans les coups durs
Et à qui j'offre mon épaule pour pleurer, mon oreille pour écouter
Ceux qui m'offrent des éclats de rire si tendres et si purs


A vous qui avez exaucé un vœu que je ne connaissais
Et qui m'offrez chaque jour un peu plus de bonheur
Je ne sais comment vous remercier à jamais
Si ce n'est en vous offrant ces quelques vers du fond du cœur


Merci à vous de m'avoir fait découvrir cette saveur
Ce goût inaltérable et cette odeur pleine de douceur
Puisse cette délicate sensation perdurer jusqu'à l'infini
Maintenant, je connais le véritable sens du mot : ami…


Icy - 17/12/2005

La caresse

Doucement, je le caresse. Mes doigts passent, glissent, s’attardent sur chaque ride. Elles sont les marques du souvenir, les vestiges de ce que nous avons vécu tous les deux… Ces traces sont comme les bornes de notre chemin commun, chacune me rappelle des moments à deux… dans le métro, dans la rue sans regarder devant soi, dans le lit avant de s’endormir, devant un café, à une terrasse, dans l’herbe, par une belle journée d’été. Chaque fois que mon doigt glisse dans l’une de ces ridules, j’y associe un instant cristallisé dans le passé, figé à travers le temps et à jamais marqué par le sceau du souvenir.

Je les caresse toujours quand je m’en sépare, comme un dernier lien que je romps avec regret. C’est un au revoir, un merci, un peut-être-à-bientôt qui, nous le savons tous deux, n’a que de faibles chances d’arriver… Lorsque cela arrive, lorsque nous nous retrouvons, c’est que notre aventure a été assez puissante pour que nous rechutions le temps d’une histoire…

Je pousse un soupir lors de ce dernier frôlement. Je reste toujours quelques instants les yeux dans le vide, suspendus entre un passé encore très présent et un présent encore trop teinté du passé. Et dans ce court instant, juste le temps d’un souffle, d’un battement de mémoire, les souvenirs affluent dans un éclair, se mélangeant, se distinguant, se fondant les uns dans les autres, se démarquant les uns des autres. C’est une mosaïque riche de morceaux d’histoires, patchwork de scènes et de moments partagés.

Avec chacun d’eux, j’ai ri, j’ai pleuré, j’ai hoqueté de surprise, j’ai frissonné de plaisir, j’ai crié ma haine, j’ai larmoyé mon bonheur, j’ai vibré de rêve…

Autant de pages tournées à travers le temps, tentantes et tempérées, tentées et tempétueuses, teintées de tendres tremolos…

Ils ont été nombreux à passer entre mes mains, provenant de mille et un horizons différents, feutrés ou bien feulant, feu fier et pas peu fier, de faire rêver les fidèles comme moi.

Parfois quelques heures, aventure d’un soir, souvent quelques jours, voir quelques semaines, ça devient sérieux, rarement plusieurs mois, ou alors c’est que l’aventure en vaut le coup !

Mais toujours cela se termine et le point final du livre qui se referme entre mes mains est irrémédiablement suivi de cette caresse, cette dernière jonction entre lecteur et lecture, cette étincelle de complicité que je laisse s’évanouir à regret.

Mais toujours en moi je garde le souvenir de ces instants où, partagé entre rêve et illusion, je me suis laissé emporter au cœur des pages, à travers les mondes et les âges.

Et invariablement, sans que mes lèvres bougent et comme je l’ai murmuré intérieurement à Sov de La Horde du Contrevent, à Mathilde pendant Un long dimanche de fiançailles, à Eléa dans La nuit des temps, à ceux qui m’ont fait pleurer, rire, vibrer, rêver, frissonner, je glisse dans cette caresse un muet mais néanmoins sincère : merci.