Retour vers le passé - Partie 5

*BOM BOM*

L'impression d'avoir la tête encastrée dans un téléviseur diffusant la Star Academy. Ou dans un broyeur à cerveau. C'est la même chose ceci dit, la redevance en moins.

*BOM BOM*

Max ne se souvenait pas qu'il pouvait être possible d'avoir les paupières aussi lourdes. Persuadé d'avoir deux gremlins accrochés aux paupières, il lève la main et se frotte le visage. Pas de gremlins. Juste une belle barbe de trois jours.

*BOM BOM*

Il ouvre les yeux d'un coup, tout le poids envolé. Son cœur s'emballe.
Une barbe ?
D'un saut assuré et gracile, il bondit hors du lit et s'éclate l'orteil contre la porte de la salle de bain. En jurant tout ce qu'il peut, il allume la lumière de la salle de bain... de sa salle de bain. Il se regarde dans le miroir et se retrouve nez à nez avec son visage. Son vrai visage. Celui d'un type de 24 ans. Pas 14, 24 ! Il passe sa main sur sa joue rêche comme du papier de verre. Plus de peau de bébé...

- Un rêve... juste un rêve...

Il se pince le bras. Il était bien réveillé.. Le rêve lui avait paru si vrai. Il sourit à son reflet. Quel idiot... La viande d'hier soir devait être avariée pour qu'il parte dans un tel délire... Son sourire se mue en rire. Retourner dans le passé... Sympa le rêve !

*BOM BOM*

Tandis qu'il hoquète de rire comme un idiot devant son reflet, Max réalise qu'on frappe à sa porte depuis tout à l'heure. D'un pas vif et claudicant, il se dirige vers sa porte. Réalisant qu'il est en caleçon, il attrape un pantalon qui était délicatement rangé en boule dans un fauteuil avant d'ouvrir la porte.

- Ah ben quand même ! J'étais à deux doigts de passer à la hache pour ouvrir ta porte !
- Moi aussi je suis content de te voir maman !
- Je te réveille ? Tu savais pourtant que je venais aujourd'hui !
- Ma chère maman, arriver avec 24h d'avance à un rendez-vous peut expliquer le fait que j'étais encore en train de dormir ! On ne devait se voir que dimanche...
- Et à ton avis triple buse, on est quel jour ?

Et sur cette question, elle le repousse pour entrer.

- Ben samedi, c'te question...
- T'as encore fait la bringue toi...
- Euh possible, j'ai un peu la tête en vrac... Pourquoi ?
- Parce qu'on est dimanche, et que samedi c'était donc hier... Tu suis le raisonnement ?
- Comment ça on est dimanche ?!
- C'est en tout cas dimanche pour le reste de la population de notre fuseau horaire...

Max se pince le nez en fermant les yeux. Impossible de se rappeler ce qu'il avait fait la veille... Ni l'avant-veille d'ailleurs.

- J'ai du prendre une charge monumentale moi...
- T'es sorti boire un coup avec tes collègues ?
- J'aimerai bien le savoir... C'est le blackout total là...
- Tsss... tu bois trop mon fils...
- Bref, passons... Je te sers un café ?
- Volontiers.

Il se dirige d'un pas un peu moins claudicant vers sa cuisine.

- Qu'est ce qui t'arrive au pied ?
- Une lutte matinale avec un chambranle de porte.
- Ce n'est pas toi qui a gagné apparemment...
- On a convenu d'un cessez-le-feu jusqu'à lundi matin.

Sa cafetière... Douce et agréable source de réveil matinal... Tandis qu'il regarde le café passer, tentant de ne pas entendre sa mère en train de ranger le bazar dans son appartement, il repense à son rêve. Max n'est pas du genre à se souvenir de ses rêves. Pourtant, celui-ci paraissait tellement réel qu'il se souvient de tout, depuis l'odeur des couloirs du collège jusqu'à la tête de Mathas quand il lui a cloué le bec...

- Tu n'as jamais pensé à avoir une copine ? Ça t'obligerait à garder ton appartement plus salubre qu'un bidonville du tiers-monde.
- Avoir une copine... si. La garder, c'est une autre paire de manches.
- Si tu arrêtais de les quitter tout le temps au bout de quelques semaines aussi.
- On ne va pas avoir de nouveau cette discussion dès mon réveil maman.
- D'accord, j'attendrai le déjeuner.
- Trop aimable...

Le visage de Léa lui revient en mémoire... Ses mèches sortant en pagaille de son bonnet, son regard apeuré en cours de français... Et ses cris muets lorsqu'elle tapait à la vitre de la voiture de son père.

- Maman... Tu te souviens de Léa ? Léa Berstein ? Elle était avec moi au collège.

Un bruit de verre brisée éclate dans le salon. Max passe la tête par la porte de la cuisine pour voir sa mère, pâle, qui regarde dans sa direction. Croisant son regard, elle se baisse précipitamment en râlant :

- Ah, si tu rangeais un peu ce bazar ! Ça n'arriverait pas ! Que diraient tes élèves s'ils voyaient dans quelle porcherie tu vis ?
- Ça me ferait un point commun avec eux... Laisse ça, je vais balayer.

Enfin assis autour de la table du salon, deux tasses de café fumant promenant leur fumet délicat près de ses narines, Max repose la question à sa mère.

- Donc, Léa ? Tu te souviens d'elle ? On était au collège ensemble...
- Erm... Léa ? Non, ça ne me dit rien... Tu ne m'as jamais parlé d'une Léa...
- Ah bon ? Pourtant je crois me rappeler qu'on était super potes étant gamins...
- Et ta soirée ? Qu'as-tu fait pour te mettre dans un tel état au réveil ?
- Alors là... si je savais... Il faudrait que j'appelle les copains pour le savoir je crois... Pourtant je n'ai pas la gueule de bois...
- Tu commences à supporter l'alcool alors.
- Peut-être... J'ai fait un drôle de rêve cette nuit... Je rêvais que je me réveillais à 14 ans alors que j'aurais du en avoir 24. Je retournais au collège et tout, je voyais mes profs et tout le toutim... Un peu zarb comme rêve...
- Hahaha...
- Quoi « hahaha » ?
- Tu m'avais fait le même délire un jour, quand tu étais au collège. Tu voulais me faire croire que tu étais plus vieux que ton âge, que tu avais rajeuni ou je ne sais trop quoi... Tout ça pour esquiver le cours de français de ce prof qui t'horripilait... Comment s'appelait-il déjà ?

Un grand froid remplace les gorgées de cafés qui coulaient le long de son œsophage.

- Ma... Mathas.
- Oui, c'est ça ! Quel sale gosse tu faisais...
- J'avais quel âge ?

Pas 14 ans, qu'elle ne dise pas qu'il avait 14 ans...

- Oulah... euh... Tu devais avoir 13 ou 14 ans je crois... Je t'avais menacé de t'envoyer en cours en pyjama !

Un rêve... ce n'était qu'un rêve... Il avait rêvé de ce moment...
Non, impossible... C'était trop réel... Si cela s'était bel et bien passé, si c'était un souvenir... il y avait trop de détails qui clochaient. S'il avait réellement dit à sa mère qu'il avait rajeuni, pire, qu'il avait fait un bond en arrière dans le temps... C'aurait été une blague de gosse. Mais dans ce cas, comment aurait-il pu clouer le bec à Mathas comme il l'avait fait ?
Aussi improbable qu'elle soit, quand il n'y a plus qu'une explication, c'est la bonne.

*BOM*

Mais s'il avait vraiment fait un saut dans le passé... Pourquoi était-il revenu ? Et d'ailleurs, pourquoi y était-il allé ? Et comment ?

Du délire... juste du délire...

*BOM BOM*

- C'est moi où il y a quelqu'un qui tape à la porte ?
- Hein ? Non, il n'y a personne... Mais Max, qu'est ce qui t'arrives ? Tu es tout blanc...

*BOM BOM*

- Ça doit être le contrecoup... de la fiesta... t'en fais pas...

Max tentait de se lever lorsqu'un voile noir passa devant son regard. Il entendit vaguement un bruit de porcelaine brisée au loin. Peut-être un cri de sa mère. Il dut heurter le sol à un moment donné mais le voile noir devint plus opaque encore, murant tous ses autres sens. Il ne sentait rien, n'entendait plus rien. Juste un battement, comme si son cœur allait s'arrêter.

*BOM*

5 Response to "Retour vers le passé - Partie 5"

  1. Unknown says:
    28 janvier, 2009 23:24

    Icy, tu es horrible... t'arrêter là, comme ça... raaaaaaaaah! la suite, s'il te plait...
    Veux savoir ce qui va se passer... j'en peux plus :(
    ssssss'te plait

    Yann/Ash

  2. Unknown says:
    29 janvier, 2009 00:14

    C'est marrant, tu as commencé cette histoire bien avant, mais ton histoire me fait un peu pensé à ce film que tu as acheté en dvd il n'y a pas si longtemps... Tu vois de quoi je parles? :)
    A quand la suite?

  3. Unknown says:
    29 janvier, 2009 01:56

    moi, ça me fais un peu penser au livre "Slam" de Nick Hornby...

  4. Anonyme Says:
    30 janvier, 2009 00:47

    Mwoa, ça me fait penser à rien du tout, mais il n'empêche que je veux quand même la suite, et vite encore... Mais faut pas presser les auteurs...
    Donc...
    La suite s'il te plaiiiiiit oh Auteur de nos rêves !
    Çà le fait là... ?
    (Bon, sinon, s'vrai que l'Effet Papillon, s't'un bon film aussi...)

  5. Med says:
    02 février, 2009 20:59

    Merci pour vos commentaires les gens ;)
    Promis, la suite va arriver plus vite !

    (Et oui, je me rends compte que L'effet papillon a du influencer inconsciemment sur la suite de l'histoire, m'en vais redresser ça, non mais oh ! :))