Coup au coeur

Le coup de feu est parti...
On ne s'y attend vraiment pas.
Flammes aveuglantes dans la nuit
Détonation qui me laissa sans voix.

Pas eu le temps de réagir
Juste écarquiller les yeux
Pas eu le temps de s'enfuir
Juste refermer les yeux

La balle traversa le coeur
Violente tempête de sensations
Tristesse, mélancolie et douleur
Envahissent lentement les pulsations.

On veut lever son arme, viser sans trembler
Presser la gachette après avoir armé le chien
La cible, le tireur, le tueur est aligné
Il ne reste qu'à appuyer, ne penser à rien...

Juste tirer
Et prier.
Que le coeur soit touché.
Pas de balle perdue, pitié...

Un clic sonore vibre
Echo triste et douloureux
D'un coeur qui finit malheureux
Touché sans pouvoir vivre

Quel manque d'habileté
C'est con, vraiment...
Le beau revolver chromé
Etait chargé à blanc...

Coeur touché pour coeur brisé
Balle perdue pour espoir ténu

Mélodie

Chante, chante petit coeur
Car ce soir, j'ai besoin de toi
Chante de ta petite voix
Et colore ma nuit de milles couleurs

Chante, chante petit coeur
C'est ici et maintenant
Que passent les heures
Et brillent les étoiles dans le firmament

Chante, chante petit coeur
Au fusain ou comme un fruit
Il faut croquer le bonheur
Chante, et dessine moi ma vie...

"Allez..."

Allez, juste un...

Putain ça fait mal...

Juste un...

Non, non, non...

***

Sur le coup, ça n’a pas fait mal... C’était comme un manège, ce genre de trucs à sensations qu’on trouve dans n’importe quel parc d’attractions. Vous avez les tripes remuées, secouées dans tous les sens. Tout tourne autour de vous, vous ne savez pas où regarder parce que tout bouge, sens dessus dessous. La terre ferme n’existe plus. Tout n’est qu’un maelström de sensations vertigineuses, les couleurs se mélangent dans votre cerveau, plus rien n’a de sens. L’impression d’être dans une machine à laver en mode essorage. Ça secoue. Vous espérez que ça va s’arrêter un jour.

Puis ça s’arrête. Et là, c’est pas forcément bon.

Un choc. D’abord un cri de métal, puis une onde qui se répercute dans tout votre corps. Des cris. Pas de métal cette fois. Des cris humains. Peur ? Frisson ? Terreur ? Vous voltigez, vous vous cognez partout, vous sentez presque apparaître les hématomes sur chaque centimètre carré de votre corps. Les cris humains et inhumains se mélangent, c’est assourdissant. Là encore, vous désirez que ça s’arrête. Et comme avant, quand ça s’arrête, c’est encore pire.

La douleur. Partout. Pas une partie de votre corps qui n’est épargné. Bras, jambes, pieds, mains, nuque, visage, poitrine... Coupures, plaies, fractures... Sang, larmes, sueur... C’était pas prévu. C’était pas prévu. Les gémissements. Ceux du métal. Ceux des autres... C’est horrible les gémissements... Ça vous hante. Chaque nuit. Toute la vie. On ne les oublies pas les gémissements.

Surtout quand ce sont de vos amis.
Surtout quand tout est à cause de vous.

Puis la douleur s’estompe. Elle s’efface doucement. Mais ce n’est que la douleur physique qui s’estompe, celle de votre enveloppe charnelle. L’autre, elle ne s’estompe pas. Vous sombrez, mais elle est toujours là. Elle sera votre compagne pour toujours. Plus proche que n’importe quoi, toujours là pour vous, même si vous ne la désirez pas. Toujours. Toujours là. Vous sombrez dans un soupir de soulagement parce que les élancements de souffrance se taisent petit à petit.

Puis vous vous réveillez. Et là, vous souhaitez ne jamais vous être réveillé. Vous souhaitez tout, mais pas ça.

Aujourd’hui, je suis tétraplégique. Plus aucun de mes membres ne réponds à mes ordres. Je vis dans un fauteuil roulant. Ma tête est tenu à mon appuie-tête par un bande de tissu, je ne suis même pas capable de la tenir par moi-même. Je fais avancer mon fauteuil en soufflant dans une paille. C’est tout ce que je peux faire.

Ça et pleurer. Pleurer parce que j’ai été le plus chanceux des trois. Parce que vivre dans cet état, c’est une chance que je ne mérite pas. Et chaque nuit qui passe me le rappelle.

Les gémissements... Les gémissements qui se taisent petit à petit...

J’ai eu la “chance” de survivre... Survivre pour me sentir coupable toute ma vie.

Moi je suis tétraplégique. Sarah et Pascal, eux, ils sont morts.

C’est moi qui conduisait.


Allez... juste un verre... un dernier pour la route...

Coeur qui pleure

Je te regarde ce soir
Et mon cœur pleure
Autour de lui, le noir
Ténébreux maraudeur

« Pourquoi pleures-tu ? »
Lui ai-je demandé
« Parce qu'arrive la nuit »
Me répondit-il, navré…

« Crains-tu la nuit ? »
« La nuit, c'est affreux !
Je reste là, seul, anéanti
Sans personne, je ferme les yeux »

Je le questionnais encore
Voulant impatiemment savoir pourquoi
Dans la nuit au bruit d'or
Se met à trembler mon cœur à moi.

« Parce que dans ma nuit,
Mon cher ami
Nulle étoile ne luit
Hormis celle, que ce soir tu vis

Et qui loin de nous est partie
Allant s'évanouir loin, très loin
Là où on ne peut la voir dans la nuit
Restant là, seuls, à serrer les poings. »

Que je le comprenais ce cœur meurtri
Qui en mon âme s'épanchait, en peine
Larmes d'un cœur trop longtemps endormi
Dans cette nuit qui n'est pas la sienne

Que je le comprenais ce triste cœur
Car après tout, c'était bien le mien
Et ses peines, ses larmes et ses pleurs
N'étaient autres que les miens

Parfois...

Parfois sucré
Parfois passionné
Parfois volé
Parfois manqué
Parfois regretté
Parfois envié
Parfois soufflé
Parfois attrapé
Parfois désiré
Parfois oublié
Parfois gravé
Parfois mouillé


Parfois vibrant
Parfois choquant
Parfois alarmant
Parfois palpitant
Parfois lancinant
Parfois surprenant
Parfois entêtant
Parfois charmant
Parfois envoûtant
Parfois déchirant
Parfois larmoyant
Parfois amusant

Souvent apprécié
Rarement dénigré
Souvent donné
Tout le temps partagé

Le reconnaissez-vous ?
Non, pas du tout ?
Laissez-moi vous embrasser
Et vous offrir… ce délicat baiser.

Qui es-tu ?

Petite voix envoûtante
Qui murmure tendrement
Ces caresses lancinantes
Ces mots si touchants

Qui es-tu ?

Ô visage entêtant
Sur moi penché
Mon sommeil écoutant
Mon souffle embrassé

Qui es-tu ?

Tendres baisers volés
Dans l’aurore déposés
Sur mes lèvres assoupies

Qui es-tu ?

Songe d’une nuit
Rêve qui m’émerveille,
Fugace, à mon réveil

Qui es-tu ?

Ange sans visage
Nymphe sans nom

Je n’ai pour te retrouver
Que le goût de tes baisers

Chaque nuit, je te dévisage
Tendre et belle vision

Qui es-tu ?
Nul encore ne le sait
Un jour, belle inconnue,
Sache que je t’aimerai.

Sans mot dire

Ambiance musicale


Il est tard. Si tard qu’il sera tôt dans peu de temps. La nuit est encore noire, le soleil n’a pas commencé à darder ses premiers rayons à l’horizon. L’air de la nuit parisienne est frais, si frais qu’elle en frissonne.

Elle, c’est cette jeune femme qui semble être la seule âme en vie dans ce quartier de Paris. Assise sur le rebord de pierre du Pont-Neuf, elle observe l’eau sombre de la Seine qui charrie ses rares poissons, ses détritus et ses vieux pneus de motocyclettes... Elle scrute sans bouger, observe sans respirer, étudie sans vibrer. La seule once de mouvement qui l’enveloppe est celle des manches de son chemisier bleu pastel, agitées par le léger vent de cette fin de septembre.

Immobile statue, Vénus figée dans les ténèbres, elle est là, ses cheveux blonds tombant en cascade sur son dos, ses yeux d’émeraude ne laissant pas deviner les tourments qui hantent son âme. Qui pourrait ne serait-ce que deviner pourquoi une femme si jeune, si belle, se tient presque hagarde sur ce pont parisien ? Chagrin d’amour, déception sentimentale, coeur brisée ? Renvoi abusif, harcèlement moral, tensions avec ses collègues ? Chômage, peine à payer le loyer, risque d’expulsion ?

Tant de raisons peuvent tarauder l’esprit humain, tant d’adversités, de coups durs... Il est parfois si difficile de relever la tête...

Et parfois si tentant de plonger la tête la première dans l’eau froide de l’Oblivion... ou de la Seine...

Elle se lève, elle bouge, elle est donc vivante ! Debout sur le parapet, elle lisse sa courte jupe en jean et entreprend de marcher le long du pont. Ses bottines de cuir résonnent sur la dure pierre, écho lancinant d’un coeur qui ne sait plus trop bien battre. Le vent souffle un petit peu plus fort, comme un grand farceur qui voudrait précipiter sa chute. Patience, patience... Il ne faut pas être aussi impatient.

Elle marche, elle marche, ses pas résonnent et elle écarte les bras, tel un équilibriste sur le fil de la vie, de sa vie, pour qui un faux pas signifie une chute sans filet dans l’eau froide de la mort. Le rebord du pont est large, pourtant elle marche à son extrême bord, défi à son équilibre, défi à l’adhérence des semelles de ses bottines... Défi tout court à cette chienne de vie.

Finalement, lasse de jouer comme au cirque, elle se rassoit. Et elle attend. Elle attend, bien qu’elle ne sache pas trop ce qu’elle attend. Une réponse de la nuit ? Un conseil du vent ? Un ordre du fleuve ? Le vent souffle, et elle souffre. La nuit tombe, et elle sombre. Le fleuve pleure, et elle s’y meurt.

Des pas résonnent alors sur le trottoir. Elle ne se retourne pas, laisse le passant passer, le quidam inconnu continuer sa route loin de se détresse à elle. Les pas s’arrêtent, beaucoup trop près d’elle à son goût. Elle ne se retourne pas. Elle ignore cet être indésirable qui vient parasiter sa tristesse. Elle continue de regarder ce fleuve qui coule sans prêter attention au reste du monde, aux restes du monde.

Les pas reprennent... et ils grimpent sur le rebord du pont ! Les pas s’assoient à coté d’elle ! Elle regarde sans regarder, du coin de l’oeil, discrètement, à qui appartiennent ces pas.

Ils appartiennent à des chaussures à talons aiguilles noirs. Et ces chaussures à talons aiguilles noirs appartiennent à une paire de jambe qui elle même rejoint une robe rouge dans laquelle se trouve une jeune rousse aux yeux verts... Elle risque un regard vers ce visage attirant... La rousse lui sourit... Elle tourne aussitôt la tête et retourne à sa contemplation fluviale...

Les yeux verts noyés de cheveux roux. Cette rousse est belle. Mais pourquoi vient-elle ici ? Pourquoi s’assied-elle à coté d’elle ?

Elle ne parle pas. Elle non plus d’ailleurs. Elles ne parlent pas toutes les deux ! La rousse agite ses jambes blanches dans le vide, laissant ses chaussures osciller au bout de son pied. Elle jette un oeil vers notre étrange blonde... et d’un coup de pied, envoie valser sa chaussure gauche dans la Seine. Elles regardent toutes les deux la chaussure chuter sans cri dans la Seine qui se dépêche de la happer comme un poisson goberait une mouche à la surface... L’une à la regard rieur, l’autre a le regard étonné. Mais toutes deux ont les yeux tournés vers la même chose. La blonde regarde la rousse qui, dans un sourire, regarde les bottines de sa camarade... Cette dernière jette un oeil à sa bottine gauche... et dans un geste rapide, en défait la fermeture Eclair. Puis dans un élancement de jambe, elle envoie valdinguer sa bottine dans la Seine. En réponse, la rousse lance de nouveau son pied en l’air en riant. Une chaussure à talons aiguilles décrit une courbe parabolique et file à la suite de la bottine... Puis c’est finalement la seconde bottine qui s’envole alors que sa soeur vient à peine de toucher l’eau.

Elles sont là, toutes les deux, à sourire bêtement en regardant la Seine. La rousse se met debout sur le rebord, parallèle au pont et tend une main vers la jeune femme blonde. Celle-ci regarde la main, d’abord hésitante, puis consent à la prendre et se met debout aussi. Elles sont maintenant toutes les deux debout sur le rebord du pont, deux figures étranges dans la nuit parisienne, deux âmes encore éveillées dans la nuit qui s’éteint.

A l’horizon, les nuances de noir deviennent des nuances bleu marine et bientôt elles deviendront de plus en plus claires.

Il est si tard qu’il en est tôt. Bientôt le Soleil réchauffera l’air parisien.

Mais pour l’instant, nos deux jeunes femmes descendent du pont et, toujours main dans la main, marchent, le pied nu, dans les rues de l’aube de l’ancienne Lutèce...

Et ce soir, c’est un sourire qui aura réchauffé un coeur... Car un sourire, ça peut faire beaucoup de chose, parfois plus que les mots... Un sourire ça panse les plaies, c’est un baume sur les blessures, une compresse sur les meurtrissures de la vie.

Et un sourire, perdu dans la nuit, ça peut sauver une vie...

The last lullaby

Ambiance : A écouter pendant la lecture

Petit synopsis utile : Ce texte est le point final de tout un groupe de chroniques relatant
la vie et les aventures de Yukiel, ange incarnée dans un monde où anges, démons et humains
s'affrontent. Dans ce monde, l'enfant née de l'union d'un ange et d'une démone, appellée
Horizon, est considérée comme le messie qui unifiera les trois races. Protégée par ses
Protecteurs, dont fait partie Yukiel, elle tombera dans une embuscade qui la plongera dans
un profond coma pendant de longs mois.
Yukiel tombe amoureuse pendant ce temps d'une des protectrices, Minuit, magicienne humaine qui partagera sa passion. Elle meurt quelques semaines avant ce texte, lors d'une bataille.
Pour cette humaine, Yukiel aura été jusqu'à renier Dieu et à subir la déchéance de devenir une Paria, une sans race.
Ce texte prend donc place alors qu'Horizon est dans le coma, Minuit, "l'ange" de Yukiel, morte et Yukiel seule.

***

Un souffle régulier qui perce la nuit, dernière preuve de la mince flamme de
vie qui brûle encore dans la poitrine de la jeune enfant. Horizon semble
paisiblement endormie dans le monde des rêves.

Une silhouette se tient à son chevet. Des iris pourpres, fixés sur le corps
de l’Enfant-Reine, des runes violettes couvrant une partie du visage, Yukiel
veille sur le sommeil d’Horizon. L’ancienne ange, désormais paria, chantonne
doucement. Rien ne vient troubler la paix qui règne en ces lieux. Sans
arrêter de chantonner la berceuse, Yukiel caresse pensivement les cheveux
d’Horizon.

Soudain, inspirant profondément, Yukiel s’arrête de chanter et dit d’une
voix cristalline :

« - Ma vie fut courte mais mouvementée, Enfant Reine. J’ai croisé tant de
gens formidables… Mais j’ai enduré tant de souffrances… Je n’en peux plus
Horizon… Tant de souffrances, tant de combats. Et pourquoi ? Pour te sauver…
Pour sauver les derniers idéaux de paix qui nous restaient. Je n’en peux
plus Horizon… Assez de souffrances, assez de larmes, de cris et de sanglots.

Des larmes roulent sur les joues de Yukiel. Une vague de froid s’étend
autour d’elle, morsures sournoises assaillant chaque parcelle de peau. A
l’extérieur, de la neige commence à tomber, d’abord petits flocons
éphémères, maintenant bourrasques recouvrant le paysage d’un manteau de
pureté. Des images lui reviennent à l’esprit. Des visages souriant ou
résignés, joyeux ou déterminés. Mkdir, Tentacool ou Ragnak… Tant d’Utopiens
qui ont disparu. Tant de défenseurs de l’Enfant-Reine.

- Pourquoi sont-ils tous morts Horizon ? Pour toi ? Pour que tu restes
endormie tant de temps ? Pour que personne ne parvienne à te réveiller ?

Yukiel porte la main à sa ceinture et s’empare d’une dague luisant d’une
aura magique.

- Il est temps d’en finir Horizon… Je ne supporterais plus de voir tant de
gens mourir et disparaître à jamais.

Yukiel regarde la dague à travers ses yeux embués de larmes.

- Pardonnez-moi…

La dague fend l’air et se colore bientôt d’un rouge écarlate. Un faible
hoquet est vite absorbé par le gémissement du vent hivernal.

Yukiel se lève et titube vers l’extérieur. Les gouttes de sang s’écrasent au
sol, s’écoulant de la dague ensanglantée tandis que Yukiel ouvre la porte.
Le blizzard s’est calmé d’un coup. Désormais tout autour d’elle, un manteau
blanc s’étale, brillant à la lueur de la lune. La paria lève les yeux et
regarde les silhouettes qui se tiennent face à elle : les Protecteurs
d’Horizon. Et parmi eux, Ange… La petite Archange.

- Ange… Pardonne-moi…
- Yukiel… Qu’as-tu fait ? dit-elle d’une voix alarmée.
- J’ai fait… cesser… les souffrances.
- Non…

Yukiel baisse les yeux et contemple sa tunique imbibée de sang. Son sang.
Une plaie s’étend en travers de son abdomen, là où la dague s’est plantée.
Ses runes luisent faiblement dans la nuit, semblant sur le point de
s’éteindre et son sang s’écoule abondemment sur le sol enneigé faisant
fondre les fragiles cristaux avec la chaleur qu’il contient encore.

La jeune femme s’écroule au sol, ses jambes étant désormais trop faible pour
la soutenir. Ange se précipite à genoux près de Yukiel, l’angoisse lui
enserrant le cœur :

- Idiote… Tu ne peux pas mourir… Tu es immortelle maintenant.

Un fin sourire apparaît sur les lèvres tremblantes de Yukiel.

- Pourquoi renaitraient… ceux qui ont cessé… de vouloir vivre ? Je ne veux
plus de… de cette immortalité Ange… Je mourrai ce soir... Et je ne
ressusciterai… pas…
- Pourquoi as-tu fait ça ??

Les larmes montaient aux yeux de la plus petite Archange de la Création.

- Fini de souffrir… Fini… de se battre… Plus aucune raison… Ange… Je n’ai
jamais pu l’oublier…

Les larmes roulaient à nouveau sur les joues de la paria, l’eau salée se
mêlant au sang qui s’écoulait de la commissure de ses lèvres.

- Tu veux dire…
- Oui… Elle est morte. A mon tour maintenant. Je n’ai pas… été… assez forte…
pour aider… Horizon. Que ton Dieu… puisse me pardonner.

Ange posa son front contre le visage de Yukiel et tenta d’offrir un peu de
chaleur à ce corps qui se vidait de toute vie. Yukiel leva les yeux vers la
voute céleste et dit d’une voix qui s’éteignait petit à petit :

- Réussissez Ange… Pour que tous les Protecteurs passés et présents n’aient
pas œuvré en vain…
- Yukiel…
- Je retourne parmi les étoiles… Elle doit m’y attendre… Une étoile filante... dans le ciel... de Minuit...
- J’en suis persuadée.
- Mon… ange…


Les paupières de Yukiel se refermèrent et sa poitrine cessa de se soulever.
Horizon perdait à nouveau une de ses Protectrices…

Les larmes dans les larmes...

Ambiance musicale
A écouter pendant la lecture


Il regarde le ciel gris et chargé de lourds nuages.

Il pleut. Il pleut toujours dans ces moments-là. On se demande pourquoi d'ailleurs... Est-ce que c'est Dieu qui pleure lui aussi ? Et pourquoi est-ce qu'il pleurerait ? Après tout, si aujourd'hui les gens pleurent, c'est qu'il y est bien pour quelque chose, non ?

Non. Il ne doit pas dire ça. Ce n'est pas correct, surtout vu la situation.

Il baisse son regard et regarde ses souliers. Ses belles chaussures de fabrication italienne s'enfoncent dans le bourbier qu'est devenu la terre depuis que les larmes célestes se déchaînent... Il les contemple, le cuir noir souillé par le marasme marron, les lacets gonflant, gorgés d'eau... Il sait que le cuir mouillé se craquellera en séchant, ne supportant pas l'eau, il sait aussi que ce sont des chaussures à quatre cents euros la paire... Mais il s'en fout. Royalement. Comment peut-on rester matérialiste dans un moment pareil ? Il serre les poings, le regard toujours fixé sur le sol et ses souliers. Une rage bouillonne en lui, une colère qu'il contient à grande peine, il ne reste calme que parce qu'il sait que ça ne servirait à rien... On ne peut rien faire durant une telle épreuve. Simplement attendre... Attendre que la colère passe, que l'amertume s'évanouisse, que la bile de dégoût soit ravalée.

Et il faudrait croire que c'est Dieu qui pleure aujourd'hui ?

Conneries...

Non, il faut qu'il arrête de penser comme ça maintenant. Il ne doit plus...

Finalement, après un effort qui a demandé toute sa volonté, il lève la tête et regarde droit devant lui.

C'est fou comme on pense que toutes les tombes se ressemblent avant de se retrouver à l'enterrement d'un proche.

Il laisse ses yeux errer sur la sombre assemblée qui se réunit devant le cercueil que l'on va mettre en terre. Vêtus de noir, comme le veut la coutume, ils ressemblent à des rapaces venus se repaître de la dépouille du mort.

Corbeaux...

Pas un ne l'aimait réellement. Il en est persuadé. Hypocrite assemblée. Pourquoi étaient-ils là ? Pleurer ? Larmoyer ?

Désolé les amis, mais le grand barbu de là-haut s'en charge très bien... Et croyez-le, il chiale bien comme il faut... Il a les chaussures enfoncées de cinq centimètres dans cette boue infâme parce que l'Autre n'a pas de Kleenex là-haut...

Oui, il sait, il faut qu'il arrête...

Non mais regardez-les... A déposer chacun leur tour une rose rouge sur le cercueil... Pourquoi pas des marguerites ? Non, encore mieux, des tournesols... C'est gai, c'est joyeux, c'est l'incarnation du Soleil le tournesol... Et vu le temps de merde qu'on se tape, autant mettre un peu de gaieté dans ce tableau macabre... Oui, on sait, c'est un enterrement, mais vous pensez que le pauvre type que vous enterrez aurait aimé que son enterrement ressemble à ça ?

Lui, il n'aurait pas aimé en tout cas... Mais on ne lui a pas demandé son avis après tout...

Le défilé des fleuristes se termine enfin. Le prêtre, qu'un aimable jeune homme tient abrité sous un parapluie s'avance et se tourne vers la petite foule, agglutinée sous les parapluies comme si la pluie était d'acide...

Comme si Dieu pleurait des larmes acides...

- Que s'est-il passé ?

Un vieil homme à la peau noir est adossé à un chêne. Il a les cheveux entièrement blancs, le contraste étant surprenant avec sa peau de charbon. Il regarde lui aussi l'enterrement, mais avec un léger sourire qui ne cadre pas bien avec le moment. Intriguant personnage qui parait tellement déplacé dans ce cadre...

- Alors ? Qu'est-ce qui s'est passé ? redemande-t-il.
- Quoi ?
- T'es un peu lent toi... Je te demande c'qui s'est passé ? Pourquoi on enterre quelqu'un aujourd'hui ?
- Oh...

Il regarde de nouveau vers la tombe, quittant le vieil homme des yeux.

- Accident de la route.
- Ouch... Ça finit généralement en charpie ce genre de trucs...
- Ouep...
- Ils ont dû avoir du mal à faire tenir les morceaux dans le cercueil sans qu'ils se baladent n'importe comment pendant le transport...
- ... Vous êtes immonde...
- Réaliste, je préfère.
- ...
- Comment ça s'est passé ?
- Pourquoi vous voulez savoir de telles choses ?
- Raconte-moi, et je t'expliquerai peut-être...

Ils se regardent tous deux, le vieil homme a un regard goguenard qui semble dire "Vas-y, t'y couperas pas de toutes façons."

Long soupir.

- Il est sorti de la route... Une... Une vieille clocharde traversait la route sur laquelle il roulait. Il faisait nuit, il n'y avait pas d'éclairage... et... et il avait un peu bu.
- Classique...
- Il a donné un brusque coup de volant... Mais je suppose que l'alcool n'a pas aidé, et il n'a pas été capable de maîtriser sa voiture... Il a percuté un arbre et sa voiture a pris feu...
- Effectivement, ça devait pas être beau à voir...
- Allez vous faire foutre ! On ne parle comme ça de quelqu'un qu'on est en train d'enterrer !
- Qu'on a enterré tu veux dire...

Le vieil homme désigna la procession qui quittait le lieu de l'enterrement... Aussitôt que les "invités" avaient quitté les lieux, les fossoyeurs commencèrent leur oeuvre. Le cercueil fut descendu au fond de son trou et des pelletés de terre commencèrent à résonner sur le cercueil. Quelle image dégoûtante. Cette vie, cette mort, que l'on cache à la vue de tous. Ce souvenir qu'on efface en l'enterrant six pieds sous terre, avec pour seule consolation un morceau de marbre à l'extérieur... Histoire de rappeler qu'un jour, dans le coin, il y a eu quelqu'un qui avait un nom, un visage, une existence. Et que maintenant ce n'est plus qu'un amas de chair putréfié que les vers et les asticots rongent lentement.

Et l'autre qui continue de chialer ! Ça va ! On a compris que tu étais triste !
Il fait peut-être une allergie... Il y a du pollen la-haut ? Il faudra vérifier... Dans ce cas, ça détruit le mythe du Dieu sensible au malheur de Ses créatures...

- Tiens tiens... dit le vieil homme. Une retardataire on dirait...

Toujours cette note moqueuse, goguenarde dans la voix. A croire qu'il prend son pied... Taré !

Il regarde la retardataire que le vieil homme a remarqué.

- Sarah !

Il se dirige à grands pas vers la tombe à la terre fraîchement retournée... Les chaises sur lesquelles les convives étaient assis sont désormais vides, donnant à l'endroit une allure cruelle, fantomatique et angoissante, comme peut l'être un parc d'attractions abandonné en pleine campagne, vide, étrange, où on s'attend à voir surgir un être étrange à chaque recoin.

La femme est assise au premier rang, face à la tombe qu'elle regarde fixement. Toute de noir vêtue, histoire de ne pas se faire remarquer, elle est pourtant la seule à avoir gardé sa rose dans les mains... Et celle-ci n'est pas rouge, mais bleue...

Il arrive près d'elle et s'assoit sur la chaise à ses côtés. Il se tait pendant les dix premières secondes... Puis les trois cents soixante suivantes.

Finalement, il parvint à entrouvrir la bouche, en tendant une main qu'il veut poser sur son épaule.

- Sarah, écou...

Mais elle se lève et esquive sa main. Elle s'avance vers la tombe et d'une voix chevrotante, percée de part en part par la tristesse et la douleur dit :

- Pourquoi, Philippe ? Pourquoi ?
- Je...
- Tu n'avais pas le droit de faire ça...
- Écoute... Je ne...
- Et moi maintenant ? Qu'est ce que je vais faire ?
- Sarah...

Elle tremble de tous ses membres. Elle est trempée jusqu'aux os, elle n'a pas de parapluie. Tant mieux, ainsi les larmes se mêlent à la pluie, son maquillage coule et on pourra dire que c'est la faute de la pluie... Qu'elle n'a pas craqué... Qu'elle est une femme forte... Elle n'aime pas montrer sa faiblesse.

- Je t'aimais Philippe...
- Mais moi aussi je t'aime Sarah !
- Pourquoi m'as-tu abandonné ?
- Regarde-moi... Regarde-moi Sarah...

Mais elle reste obstinément tournée vers la tombe. Un lourd silence s'installe, simplement troublé par le bruit des gouttes d'eau qui tombent sur l'herbe, qui percutent les feuilles des arbres et qui échouent dans la rivière de larmes...

Les larmes dans les larmes...

Sarah finit par se baisser et dépose la rose bleue sur la terre fraîchement remuée.

- Je t'aimais Philippe... Et je t'aimerais même au delà de tout ça...

Elle dépose un baiser sur le pierre tombale. Que c'est froid. Pourquoi le marbre semble-t-il être aussi froid que la mort elle-même ?

Elle se relève, et s'en va... Philippe ne la voit pas partir... Il pleure lui aussi. Il pleure parce qu'il vient de lire la pierre tombale de bas en haut, en même temps que son regard passait de la rose aux cieux.

"Tu nous laisses seuls dans les ténèbres de la tristesse, mais ton souvenir éclairera nos pas sur le noir sentier de nos jours... Repose en paix, fils, aimé et ami..."

"15 septembre 1979 - 18 octobre 2005"

"Philippe Namida"

Une main se pose sur son épaule. Il regarde à travers le voile de ses larmes le vieil homme qui lui sourit... Il n'est pas moqueur cette fois. Il est triste, il sourit tristement... Il comprend...

- Ça va aller mon gars... Ça va aller... Il est temps d'y aller...

Philippe hoche la tête et regarde une dernière fois vers la femme dont il ne peut voir que le dos mais dont il devine les larmes qui coulent encore, écho de ses propres larmes.

Sarah disparaît à son regard lorsque les blanches ailes du vieil homme, aussi blanches que ses cheveux, se referment sur lui. Dans un court éclat lumineux, tous deux disparaissent de ce cimetière où personne ne les avait vu, où personne ne pouvait les avoir vus...

Monotonie

Je sors un pied de mon lit. Quitter la tiédeur de ma couette pour la froideur de ce parquet. Toujours ce même grincement, sur la troisième latte en partant du lit. Je me lève, l’esprit embrumé par le sommeil. Pourtant cette question me revient toujours en tête, inlassable écho qui se répercute chaque matin sur les parois de mon esprit.

« Une chose brisera-t-elle la monotonie de cette journée ? »

Frissonant, je sors de ma chambre et me dirige d’un pas hésitant vers ma cuisine. La table, déjà préparée par Madame, me tend les bras… Contrairement à Madame, déjà partie au travail. Les tartines de pain déjà coupées et prêtes à être grillées dans ce grille-pain, toujours placé au même endroit : à dix centimètres à droite des tartines, parallèle au couteau à beurre placé lui-même à quatre centimètres de mon bol de café. Café dont la température avoisine les dix degrés. Se gratter le crâne… Ne pas sentir ces petites excroissances sur le front.

Passer le café au micro-onde, beurrer les tartines fraichement ejectées du grille-pain -cuisson niveau trois, sinon les tartines ne sont pas agréablement grillées- , mâcher les tartines d’un air peu enjoué tandis que la radio déverse son flot nauséeux de catastrophes naturelles, de guerres inhumaines et de procès inintéressants. Se retenir de ne pas tout balancer par la fenêtre. Se retenir de ne pas tout brûler.

Toujours se retenir. Ne pas donner une mauvaise image à la voisine de pallier. Il serait dommage que le grille pain quitte ses dix centimètres reglementaires pour rejoindre le visage de la vieille acariâtre d’à coté. Et puis, il ne serait pas à dix centimètres de son visage. Ça le perturberait sûrement.

Finir à moitié le petit-déjeuner, se rincer le visage en vitesse, s’habiller pour être un tant soit peu presentable au travail. Ne jamais donner une mauvaise image. Toujours faire attention. Mettre un peu de parfum pour cacher l’odeur de souffre.

Claquer la porte, sinon elle ne ferme pas bien. Deux tours de verrou, un tour de clé et prendre l’ascenseur. Appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée. Attendre les cinquante-huit secondes reglementaires que l’ascenseur arrive au rez de chaussée. Affiner son bouc avec ses doigts pour qu’il soit fin au bout.

Sortir dans la rue. Humer l’air pollué de la ville. Se diriger vers la bouche de métro, confirmant ainsi l’adage populaire « Métro, boulot, dodo ».

Un cri.
Voilà qui sort de l’ordinaire.
Une vieille femme qui me pointe du doigt, les lèvres tremblantes.
Aurais-je quelque chose sur le visage ?
« - Là ! Là ! Le… le…di… Le Diable ! »
Oh ? Moi ? Le diable ? Pourquoi pense-t-elle ça ? Oh quel idiot… J’ai oublié de mettre un chapeau… Evidemment, des cornes rouges sur un front, ça ne passe pas inaperçu. Allons allons, vieille femme, cesse donc de crier ! Laisse moi te briser la nuque pour avoir vu ce que tu as vu.

Finalement… Ça a quelque chose de bon d’être étourdi parfois. Ça brise la monotonie de la semaine. Bon, ça brise aussi le cou des vieilles dames…

Le baiser...

Il court... Il court à en perdre haleine, il court, bondit, vole et virevolte, tel un cabri dopé aux amphétamines, il esquive badauds, touristes, grands-mères tremblotantes et enfants en train de jouer... Pourquoi tremble-t-il ainsi ? L'effort qu'il demande à ses muscles ? La peur de se faire renverser par une auto ?

Ou bien ses propres mots ? Ceux qu'il a prononcé il y a moins de dix minutes, ces mots qui ont blessés celle qu'il ne voulait pas blesser, ces paroles qui ont brisé un coeur qu'il veut choyer, ces inepties qui ont fait verser des larmes à de si beaux yeux...

Oh oui... S'il tremble, c'est bien à cause de ses propres mots. Ces mots qui ont éloigné son bonheur, ce bonheur qui est parti en courant le long des quais de la Seine, ne laissant que quelques gouttes voleter derrière lui, dernière preuve de son idiotie à lui.

"Je ne peux pas t'aimer..."

Quel c...

"Je ne te mérite pas. Je ne suis qu'un pauvre artiste parisien sans le sou... "

Et toi la fille d'un riche négociant... Mais pourquoi a-t-il été lui dire ça ? Alors qu'il est fou amoureux d'elle ! Pourquoi l'avoir fait souffrir ? Pourquoi avoir été méchant ?

"Va-t-en ! Tu n'as rien à faire avec moi !"

Et elle était partie... Comme il l'avait voulu. La faire souffrir sur le moment, pour lui éviter tous ces regards biaisés que les gens leur lancaient... Ces regards qui voulaient dire "Oh, une jeune fille de bonne famille, avec un tel... énergumène ? Quel gachis !"

Il ne voulait pas la rendre triste... Alors... Il l'avait rendu triste. Il sait bien que c'est paradoxal, que c'est même complêtement idiot, mais un amoureux, c'est toujours un peu étrange, hagard, toujours dans la lune, à faire n'importe quoi pour celle qu'il aime... non ?

C'est surtout très con un amoureux...

Il s'en est rendu compte quand il l'a vue partir en courant, le fuyant. Et ça fait mal de voir celle que vous aimez vous fuir... Alors il avait fermé les yeux, très forts, jusqu'à voir des étoiles, jusqu'à ce que les tâches de lumières remplacent ce dos qui partait au loin et les rayons du soleil qui, à travers les gouttes de ses larmes, semblaient l'éblouir.

Il s'est adossé à un muret et a regardé la Seine, les larmes pointant le bout de leur frimousse au bord de ses yeux, quand une petite vieille dame est venu à sa rencontre... en lui donnant un coup de sac à main. Surpris, et l'épaule légèrement douloureuse, il a regardé la dame avec des yeux grands ouverts. Elle, elle le regardait, son chapeau en forme de vautour vissé sur le crâne, sa veste aux fines coutures et son animal mort autour du cou. Bourgeoise, aisée, d'un autre monde que le sien, voilà ce qu'il se disait. Encore une femme qui allait le traiter de bon à rien, de fainéant et de lie de l'humanité... Elle a ouvert la bouche et a commencé à vociférer :

"Bougre d'andouille !"

Pas de lie de l'humanité ?

"On ne fait pas pleurer une dame ! Non mais qu'est-ce qu'il vous prend ? Vous n'avez pas honte !"

Surpris tout d'abord, il a finalement poussé un soupir.

"Je l'ai fait pleuré parce que je l'aime, madame... Et parce que je suis amoureux d'elle, je ne veux pas qu'elle souffre."
"Et d'être loin de vous, ça a l'air de lui faire plaisir !

*Coup de sac à main*

"Aïe !"
"Qu'est-ce que vous attendez ?! Allez la rattraper et allez vous excuser !"

La rattraper ? S'excuser ? Mais il en meurt d'envie !

"Vous êtes amoureux ! J'ai soixante-seize ans jeune homme, et je sais reconnaitre un homme amoureux ! Alors courez donc après cette demoiselle, et si vous voulez vraiment éviter qu'elle souffre, embrassez-la !"

L'embrasser ? Oui ! Il en meurt d'envie !! Quel idiot ! Il ne peut pas se passer d'elle !

"Je... Je..."

Il regarde la petite vieille dame qui lui sourit, d'un sourire jauni par quelques décennies de nicotine, mais un sourire tellement profond, tellement humain, qu'il en sourit lui aussi.

*Nouveau coup de sac à main*

"Pas de "je... je" qui tienne jeune homme ! Allez ! Ouste ! Hors de ma vue !"

Il rit et l'embrasse sur les deux joues ! La seconde suivante, il commence sa folle course. Sur les trottoirs, il s'élance entre la foule de ce samedi après-midi. Il court le long des Quais de Seine, en espérant la rattraper, la rattraper, lui avouer, lui dire, l'embrasser, l'aimer ! Il court, il virevolte et il a peur ! Son coeur bat comme un tambourin de fanfare parce qu'il a peur d'avoir commis l'irréparable et de ne pas la retrouver dans la foule !

Là !! Elle s'approche du café !

Il traverse la rue sans prêter attention aux autos qui manquent de le renverser, il la rattrape devant le café, se précipité à ses côtés et la regarde droit dans les yeux. Surprise, elle lui jette un regard surpris et rougi... Il est là, essouflé et il la regarde. Et il l'embrasse, de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa volonté de pauvre petit peintre sans le sou...

Envolés sur leur nuage, ils n'entendirent même pas le léger déclic de l'appareil photo non loin d'eux...

Ce moment, ils n'étaient pas près de l'oublier... Mais ce dont ils ne se doutaient pas, c'est que ce moment ferait le tour du monde...




Sens

Le téléphone ne sonne pas.
Rien en vient troubler ce silence.
Pourtant je voudrais entendre ta voix,
Cette voix qui réveille mes sens.

Quand j'entends ta voix
Doucement s'approcher
Je t'imagine devant moi,
Comme si c'était la réalité.

Mon ouïe doucement s'éveille
Et écoute sans interruption
Cette voix qui m'émerveille
Comme le plus doux des sons.

Ton parfum arrive à moi
Mon odorat est charmé
Même si tu n'es pas là,
Je t'imagine tout près.

Ta peau douce et lisse,
Que tant de fois j'ai caressé,
Sous mes doigts glisse
Comme si je te touchais.

Le goût de tes lèvres sur les miennes
Quand tendrement nous nous embrassions
Fait bouillir le sang de mes veines
Comme quand nous nous enlacions.

Mais tu es partie pour toujours
Ne me laissant que des souvenirs de toi.
La vie a repris son cours...
Et le téléphone ne sonne pas.

6 octobre 2002

Avis à mes connaissances : C'est un vieux poème, rien à voir avec une quelconque personne ;)

Par deux

Je les caresse doucement
Chaque jour, à chaque instant.
Elles sont douces et câlines,
Toujours présentes et parfois mutines.
Les plus belles des jumelles
Celle qui peuvent donner des ailes
Utiles ou bien seulement magnifiques,
Soyeuses ou bien abîmées,
Elles sont tout pour moi.
Sans elle je serais un chateau sans roi
Un amoureux sans coeur
Ou bien un printemps sans fleur.
Sans elle je ne serais rien,
Une journée sans lendemain,
Une vie sans chagrin.
Qu'elles sont belles ces mains...