NY Sin - Quatrième partie

De retour dans ma voiture… D’après le Don, je ne pouvais rencontrer Bloody Silver que la nuit tombée… Alors en attendant que l’iris chatoyant du ciel daigne se refermer, j’avalais l’asphalte en voiture. J’avais d’ores et déjà quitté la ville, errant sur les routes désertes autour de New York. Mon regard rivé sur les bandes blanches qui défilaient, je conduisais sans penser, l’esprit hagard et égaré.

Egaré dans les souvenirs… Egaré dans les rêves brisés.

Vivre et aimer quelqu’un. Vivre et être aimé de quelqu’un. N’est-ce pas là ce à quoi aspire chaque être vivant ?

Rentrer chez moi, voir la femme que j’aime, aussi fatiguée que moi par son travail mais avec le même sourire niais que celui que j’arbore au même moment… Ce sourire de l’amoureux…

Sentir battre mon cœur grâce à ce seul sourire, savoir que je me damnerais pour le voir chaque jour.

Aimer

Plonger mon regard dans ses yeux, sentir que je pourrais les contempler jusqu’à la fin des temps.

Caresser son visage, diamant que je voudrais éternellement protégé dans un écrin.

Entendre son rire cristallin et mélodieux qui me berce comme la plus douce des mélopées.

Sentir son cœur qui bat à l’unisson avec le mien.

Simplement aimer et être aimé.

C’est tout ce que je désirais. C’est tout ce à quoi j’aspirais. Garder précieusement, jalousement, ce bonheur, de peur qu’il ne soit qu’un éphémère dans le vent du matin.

La voir ouvrir les yeux chaque matin et les plonger dans les miens, sentir l’étincelle de joie derrière ses iris, savourer le contact de sa main sur ma nuque tandis qu’elle se serre contre moi.

Inspirer profondément pour sentir chaque effluve de sa chevelure, de sa peau…

La serrer dans mes bras, l’amenant au plus près de moi, ne serrant pas trop fort de peur de la briser…

Plus j’errais dans mes pensées, plus je serrais le volant. Bientôt les souvenirs se mélèrent aux espoirs de la revoir en rentrant à la maison, aux illusions d’un monde perdu à jamais. Elle ne serait pas là si je rentrais chez moi, elle ne porterait pas sa si séduisante nuisette de soie, m’attirant d’un regard coquin vers notre lit conjugal… Elle ne serait pas assise à la table de la salle à manger, en train de travailler sur un article de dernière minute…

Les flashs apparurent… La route disparaissant parfois, remplacée par une image de Kate assise à la table du petit déjeuner, le regard souriant par dessus son journal. La route revint pour mieux disparaître de ma vue, une nouvelle image de Kate prenant sa place : Elle s’habillait pour aller courir, nouait ses lacets et remettait sa longue chevelure vénitienne en place, attachée en queue de cheval. Elle me faisait un petit clin d’œil. La route revint, juste à temps pour que j’évite un panneau de signalisation sur la route déserte. Puis un flash revint : Un mur ensanglanté, des flashs d’appareils photo qui crépitaient… et le corps de Kate, affalé sur le sol, le poing droit serré. Sa chevelure en désordre sur la moquette de notre appartement, cette moquette que nous avions tant foulé de nos pieds nus, cette même moquette qui maintenant absorbait le sang de mon aimée…

Un hurlement inhumain jaillit de ma gorge, explosion de haine, d’incompréhension, de colère et de détresse… Un melting pot des sentiments qui tiraillaient mon âme… Je ne pouvais plus m’arrêter, je hurlais sans fin dans ma voiture… Pourquoi elle ? Qu’avait-elle fait pour mériter ça ? Elle, la douceur incarnée, la gentillesse faite femme… méritait-elle d’être abattu comme un vulgaire animal ? Non, non, non, non…

Mes hurlements s’atténuèrent lorsque je sentis le goüt salé des larmes dans ma bouche. Sans m’en rendre compte, je pleurais. Moi qui pensais avoir épuisé mes glandes lacrymales le jour de la mort de Kate…

Lentement, mes sanglots s’atténuèrent et mes larmes se tarirent. La haine qui m’avait servi de bouée le soir du meurtre me servait maintenant de compresses. Compresses amères épongeant le desespoir qui suintait de mon âme. Mais si le desespoir était attenué, ce n’était que pour mieux exacerber cette haine, feu dévorant et destructeur.

Le soleil commençait à se coucher… J’arrêtais la voiture et me garais sur le bas-coté. Il me fallait quelques heures de sommeil avant d’aller retrouver Bloody Silver… Cela faisait près de quarante-huit heures que je n’avais pas fermé l’œil… J’avais besoin de repos…

Mais j’avais peur de dormir… Une mauvaise fée me soufflait à l’oreille que le sommeil m’apporterait plus de cauchemars que de réconfort.

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Point de cauchemar. Simplement le néant d’un lourd sommeil, vide et opaque. C’est la lune qui me réveilla, me frappant les paupières closes de ses lueurs nocturnes. Je remuais mon corps endolori… Le sommeil n’avait pas été réparateur. Le regain d’énergie était certes présent, mais minime. Mon esprit était toujours embrumé… Petit à petit, je me faisais à l’idée que ce n’était pas un cauchemar que je vivais, mais la triste et sordide réalité… Cette réalité qui vous montre un monde pourri, gangréné de toutes parts, où personne n’est en sécurité. Ce monde où la loi du plus fort est une loi divine. Le bon est toujours celui qui tient le revolver. Il est le juge et bourreau de chaque personne qu’il peut croiser…

Folie d’une époque ou seulement de cette foutue Grosse Pomme ? Le monde était-il ainsi ?

Question inutile puisque je me fous du monde… Tout ce que je veux, c’est faire souffrir ceux qui ont été à l’origine de tout ça. Pour la première fois de ma vie, je veux blesser et tuer. Pour la première fois de ma vie, je veux faire le mal.

Mais puisque je serais celui qui tient le pistolet… Je serais celui qui fait finalement le bien… Non ?

Oui…

Je mis le contact et fonçai en direction d’un sombre quartier de New-York. J’avais rendez-vous avec Bloody Silver. Et lui risquait d’avoir rendez-vous avec la mort.

La neige commençait à tomber, sentant les prémices d’un drame qu’elle devrait rapidement recouvrir…

2 Response to "NY Sin - Quatrième partie"

  1. Anonyme Says:
    05 octobre, 2005 21:52

    Bravo !
    Franchement j'attends avec impatience la suite !
    Si tu es d'accord, je vais imprimer tes textes (NY Sin) et les faire découvrir à mes amis (et sur la rando PR ?)...
    Tu fais quelques erreurs à mon avis mais dans l'ensemble c'est excellent.
    Encore bravo.
    Max

  2. Anonyme Says:
    12 octobre, 2005 16:30

    Bien sympathique...
    Ca faisait un moment que j attendais cette quatrieme partie.. j espere vraiment que la cinquieme suivra bientot :]