NY Sin - Première partie

La vie n’est qu’un simple jeu…

Voulez-vous jouer ?

C’est fini. Pour vous ce n’est que le commencement mais pour moi c’est la fin… La fin de tout. Je regarde ma main. Il reste une balle en argent, sur les deux que j’ai toujours eu depuis le début de cette affaire. La première a été utilisée. La seconde ne va pas tarder à l’être. Mais avant je dois finir ceci. Je dois le finir afin qu’il reste une trace de ce qui s’est passé… de ce qui s’est réellement passé. Il faut que le monde sache… Il faut que les gens sachent pourquoi j’ai fait tout cela.

Dehors la tempête fait rage, recouvrant New York d’un épais manteau de neige. J’ai l’impression que les cieux envoient cette neige pour éponger tout le sang que j’ai fait couler, pour occulter tout ce qui s’est passé. Cela ne sert à rien… J’ai souillé la blancheur pure de ce manteau par le sang de nombreuses personnes. Rouge sur blanc… le sang s’écoulant, se mélangeant à la neige, la faisait fondre car il est encore chaud. La neige qui tente de cacher les cadavres qui jonchent les allées de la ville où je suis passé, linceul immaculé pour des gens à l’âme noircie. Ils ne méritent pas cet honneur, tout comme moi je ne le mérite pas.

Cette tempête a longtemps fait écho à mes pensées et à mes actes… tourbillonante, voulant se déplacer mais restant sur place, ravageant tout sur son passage. Suis-je une tempête ? Après tout… j’ai agi comme elle.

Ici commence mon histoire, sur cette page que vous tenez entre vos mains. C’est ici que commence la partie…

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Mon nom est Alex… Alex Inley. Un nom banal comme on en entend tous les jours. Mais mon histoire n’est pas aussi banale que mon nom. Mon histoire a le goût du sang et des larmes, l’odeur de la poudre et de la mort. Mon histoire commence il y a trois jours. Trois jours seulement… J’ai l’impression que tout a commencé il y a des années.

J’étais journaliste d’investigation pour le journal NY News.Cela faisait deux ans que j’exerçais ce métier. Il me plaisait et me permettait d’oublier mon précédent travail : flic du département de police de New York, le fameux NYPD. La mort, la souffrance et l’horreur qui étaient liés à ce boulot m’écoeuraient. C’est pourquoi j’avais raccroché. J’avais laché ce job après une mission d’infiltration dans la mafia… Douce ironie… J’ai arrêté ce boulot parce que j’avais vu trop de sang et de morts… Et depuis deux jours j’étais retourné dans cette ambiance. Je tuais, le sang coulait, je tuais, le sang coulait, et caetera… Un cercle sans fin, une boucle infernale impossible à briser.

Restons concentrés. J’étais donc journaliste depuis deux ans. Je vivais avec ma fiancée, Kate, qui exerçait le même métier que moi. Nous avions un petit appartement sur la 8e avenue. C’était notre petit nid douillet, notre cocon où la folie de cette ville n’avait pas de prise. Jusqu’à ce soir-là.

Je rentrais du bureau. La nuit était avancée, j’avais dû rester au journal jusque tard pour boucler un article. Dans ces moments-là, Kate mangeait seule puis allait se coucher. Elle faisait souvent semblant de dormir lorsque je rentrais mais je savais qu’elle ne s’endormait que lorsque j’étais couché auprès d’elle, quand elle pouvait sentir ma chaleur contre elle.

J’arrivais en vue de notre immeuble. Je compris immédiatement qu’il s’était passé quelque chose. Plusieurs voitures de police étaient garées en travers de la rue. Leurs gyrophares illuminaient l’entrée de mon immeuble, tout comme ceux des ambulances. Les policiers avaient établi un cordon de sécurité. Mon cœur cessa de battre. Je sortis de ma voiture et me dirigeais en courant vers l’entrée de l’immeuble. Arrivé au cordon de sécurité, un policier me stoppa :

- Désolé monsieur, mais vous ne pouvez pas passer !

- Mais j’habite ici !! Que s’est-il passé ?? Je vous en prie, laissez moi passer !!

Parmi les policiers j’aperçus un homme que je reconnus immédiatement. Il s’agissait de l’inspecteur Jack Corgan. Nous avions fait nos classes ensemble à l’école de police. Je hurlais son nom :

- JAAACK !! JACK !!!

Il se retourna et me vit dans la foule, toujours retenu par le policier. Il se dirigea vers moi à grands pas et dit au policier :

- Laissez, il est avec moi.

- Merci Jack… Je t’en prie dis moi ce qui se passe… Est ce que ma fiancée va bien ?

- Tu habites ici Alex ? dit-il surpris.

- Oui… C’est vrai que cela fait un bail qu’on ne s’est pas vu…

- Quel appartement ?

- 5A…

- Seigneur…

Mon sang se glaça dans mes veines. Jack avait un visage décomposé. Il ne me regardait plus dans les yeux. Je m’élançai vers l’entrée de l’immeuble, bousculant les divers agents de police présents sur les lieux. Je priai de toutes mes forces pour que mon instinct se trompe. Il n’avait rien pu arriver à Kate, le Seigneur ne l’aurait pas permis… pas elle ! Mes pas résonnaient sur les escaliers, frappant le sol au rythme des battements de mon cœur.

BOM BOM BOM BOM…

Arrivé au cinquième étage je m’arrêtais. Il y avait des policiers plein le couloir. Non… Ce n’était pas possible… Ils se trouvaient tous en face de mon appartement. Je m’y précipitais, ne me préoccuppant ni des voisins qui essayaient d’apercevoir quelque chose, ni des policiers qui se demandaient pourquoi on m’avait laissé passer au bas de l’immeuble. Je rentrais dans mon appartement. Un flash crépita. Des hommes relevaient des indices aux quatres coins de l’appartement. Mais je ne vis rien de tout ça. La seule chose que je vis fut la trainée de sang sur le mur. Puis en baissant les yeux, au bas de cette trainée, je vis Kate. Elle avait les yeux grands ouverts, le visage crispé dans une expression de surprise. Deux trous rouges sur sa poitrine. Les deux impacts de balles.

Je pleurais. Je ne hurlais pas, je ne bougeais pas… je pleurais c’est tout. Que pouvais-je faire d’autre ? Elle était là, sous mes yeux… morte. J’aurais beau hurler ça ne la ramènerait pas.

Lentement mes jambes flanchèrent, je tombais à genoux. Tout était noir autour de moi. Je ne voyais plus que cette horrible trainée de sang et le corps de mon amour. Plus rien d’autre n’existait. Je ne ressentais rien, si ce n’est le chagrin, un chagrin si profond que j’aurais pu y tomber et m’y noyer à tout jamais si un autre sentiment ne m’avait servi de bouée.

La haine.

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